
Pendule murale d’époque Louis XV
H: 169,5 cm
Exceptionnelle pendule murale d’époque Louis XV à musique de « Jeu de flûtes » jouant sept mélodies différentes sur un orgue mécanique. D’un spectaculaire répertoire décoratif s’inspirant des fables de la Fontaine illustrant le conte de la cigogne et du renard, cette horloge représente un magnifique exemple de ce que l’Europe produisait de mieux, techniquement et artistiquement à l’orée des années 1750. Le décor peint de la caisse de cette horloge se distingue par son fond en vernis Martin aux motifs chinois. Parmi les très rares et recherchées pendules à musique, les exemplaires dotées d’un orgue à jeu de flûtes demeurent les plus convoitées. Très peu furent produites. Le coût exorbitant de leur réalisation, leur technique difficile à maîtriser, les rendaient inaccessibles même pour les aristocrates les plus fortunés. Seules les têtes couronnées pouvaient s’autoriser une telle dépense. Ces horlogers devenaient alors des pièces maîtresses de la décoration intérieur de leur grand salon, de même qu’une exquise curiosité alimentant toutes les conversations de la cour. Il n’était pas rare que l’on fît visiter ces merveilles et que l’on vint de loin pour les admirer.
Leur fonctionnement était un véritable spectacle tout à fait stupéfiant en ce milieu du XVIIIe siècle.
Ce chef d’œuvre horloger tant par sa précieuse et complexe mécanique, que par sa superbe caisse parisienne est caractéristique de l’art de Pierre Jaquet DROZ (1721-1790), véritable génie tout à la fois horloger et fabricant d’automates, pionnier de l’ingénierie mécanique. L’association de cette caisse avec cette mécanique extraordinaire, permet une attribution au maître de la Chaux-de-Fonds, ce dernier étant le seul horloger neuchâtelois suffisamment audacieux pour s’offrir les cabinets les plus époustouflants de l’ébéniste Foullet. S’entourant des talents les plus confirmés de sa vallée tels Josué Robert, Pierre Leschot ou encore son propre fils, notre horloger réalisa des créations parmi les plus époustouflantes, qui ravirent jusqu’à l’Empereur de chine Qianlong. Jaquet Droz mit au point les premiers automates androïdes (on peut les admirer au Musée des Beaux-Arts de Neuchâtel), dont il fit la démonstration dans l’Europe entière.
La caisse de notre horloge est l’œuvre de Pierre Antoine Foullet, célèbre ébéniste parisien auprès de qui Jaquet Droz chargeait de réaliser les écrins de ces merveilles horlogères. Une pratique assez rare pour un horloger neuchâtelois, tant les créations parisiennes étaient coûteuses. Contrairement à ses compatriotes, Jaquet Droz avide de séduire une clientèle aristocratique européenne aussi riche qu’exigeante eut l’intelligence de commander en France le plus belles réalisations du temps, lui permettant ainsi de s’attirer les faveurs des têtes couronnées. Reposant sur un époustouflant cul-de-lampe orné de fruits et de feuillages parfaitement réalisés en bronze ciselé et doré, notre pendule est un magnifique exemple des prémices de l’art mécanique de Jaquet Droz. Notre horloger réussit à reproduire en miniature un orgue capable de jouer la plus agréable des musiques dans un encombrement infiniment réduit ; et le tout entièrement automatisé. Une réelle prouesse en ces années 1750.
En 1751, Jaquet Droz fit le voyage à Madrid. La cour madrilène regorgeait alors d’or et d’argent venus du nouveau monde. Il profita de vendre trois de ses plus belles réalisations comme il le dit lui-même, dont un exemplaire de notre pendule. Il revint triomphalement à la Chaux-de-Fonds où il put, grâce à ces ventes, s’offrir la maison et l’atelier de ses rêves.
Deux autres exemplaires de ces horloges à musique au même décor de la Fontaine nous sont connus. L’un vendu au roi d’Espagne se trouve au Palacio Real de Madrid ; l’autre est conservé au Musée international d’horlogerie de la Chaux-de-Fonds. Il est à noter que ces deux derniers exemples ont, au travers des vicissitudes du temps, perdu leurs socles.