Carl-Walter LINER

Carl-Walter LINER

Saint-Gall 1914-1997 Appenzell

La rencontre avec Carl LINER en 1992 fut autant une révélation qu’un coup de cœur.

Nous nous sommes mutuellement appréciés au point que le peintre a souhaité que je devienne son biographe, ce que j’ai accepté avec enthousiasme. 

Fils du peintre Carl-August LINER, 1871-1946, le jeune Carl-Walter voue dès son plus jeune âge une admiration pour son père. Son destin est tout tracé, il sera peintre à son tour. Au départ, il va suivre les traces de son paternel en peignant souvent les mêmes sujets, notamment lors de leur voyage commun en Egypte effectués en 1937. Déjà, sa forte personnalité le distinguait par une touche nettement plus expressionniste. A Paris, sa rencontre avec Georges BRAQUE et Emile-Othon FRIESZ va le conforter dans sa démarche picturale rappelant ici ou là la période fauve que ses aînés avaient pratiqué dans les années 1905-1909. La guerre 39-45 va mettre un frein à sa passion qu’il gardera intacte après l’accomplissement de son service militaire effectué dans les Grison.

1946 est une année bouleversante pour lui. Non seulement, il tente de se reconstruire mais le décès de son père va créer un séisme dans son esprit. L’amour qu’il porte à son géniteur est telle qu’il va continuer à vouloir peindre des sujets figuratifs chers à son père, notamment la campagne appenzelloise mais aussi la région des Grison et bientôt la Corse où il s’achètera un logis. Mais également Paris, la Toscane, le Nord de l’Afrique entre autres et ce, dans le respect de l’art que lui a enseigné son père tout en imprimant son propre style.

Le décès de son père tant aimé va également l’entraîner vers l’abstraction car par ce biais, il voulait sublimer la mort de ce père qu’il voulait faire revivre au travers d’un art pictural davantage tourné vers la spiritualité. Cette démarche va entraîner une expression innovante, une œuvre unique et originale, sans équivalent dans le monde de l’art. 

Face à cette spécificité, ma rencontre avec lui fut particulière. J’avais parfaitement compris ce besoin viscéral de faire revivre son père au travers de sa peinture et il a alors souhaité que nous mettions des titres à ces œuvres abstraites pour mieux exalter les tourments qui se manifestaient chez lui d’une façon récurrente. Sans toutefois quitter la figuration qui restait la base de la relation intime qu’il partageait avec son père. Une œuvre à découvrir ou redécouvrir.